La maladie de Dupuytren , actualités thérapeutiques 2024
Mon expérience dans le traitement de la maladie de Dupuytren.
Depuis mes années d'internat puis de clinicat dans le service du professeur Raymond Vilain à l'hôpital Boucicaut, j'ai été confronté d'une façon très fréquente au problème de la maladie de Dupuytren.
Il s’agit d’une affection bénigne qui entraîne une fibrose des tissus de la paume de la main, fibrose dense et progressive qui évolue par poussées et qui rétracte imparablement les doigts en flexion :
Des nodosités peuvent s’ajouter au dos des articulations digitales, qu’on peut aussi réduire chirurgicalement.
Qu'il s'agisse d’une forme débutante, limitée comme celle du 5e doigt chez la femme (qui est toujours délicate à traiter.) - ou bien dans certains cas comme dans les formes récidivées complexes, avec des mains complètement en crochet, on pense à libérer la main de cette fibrose qui rétracte et emprisonne mais sans douleurs.
la fibrosectomie supra-sélective de Vilain
Grâce à l'astuce du professeur Vilain qui ne voulait pas faire de grandes cicatrices cutanées pour obtenir un bon résultat, nous avons mis ensemble au point la technique des incisions discontinues dans la paume de la main.
Elles permettent d'avoir des gestes chirurgicaux très précis de fibrosectomie supra sélective sur les cordes qui entraînent la rétraction de la maladie, et évite la refabrication des brides en profondeur.
Mais dans d'autres cas, la rétraction est telle qu'il faut pratiquer ou bien des greffes cutanées ou des lambeaux. Vous enverrez un exemple dans les photographies ci-jointes.
Historique de la maladie et des traitements
Rappelons que la maladie de Dupuytren a été décrite par le baron Dupuytren en 1831. Ce grand chirurgien l’avait pratiquée à l’hôpital Hôtel dieu de Paris sur son cocher très handicapé.
L’affection aurait été décrite sans traitement en Angleterre par les Dr Plater en 1624, et par le Dr Cline en 1787.
L'important est que le baron Dupuytren a pu guérir son cocher, qui présentait une maladie de Dupuytren invalidante, en faisant des sections complètes des brides mais pas des tendons fléchisseurs eux-mêmes car ils sont intacts dans cette affection bénigne.
Plus tard, le traitement de la maladie de Dupuytren a été extrêmement discuté, et amélioré notamment par des chirurgiens australiens, le dr J.Hueston et aussi en France par le professeur Tubiana, un grand spécialiste de la chirurgie de la main.
C'est aussi en France que furent développés dans les années 1990, à l'hôpital Lariboisière à Paris, la technique des piqûres transcutanées visant à sectionner les brides sans ouvrir la paume de façon chirurgicalen grâce à l'audace de jeunes rhumatologues.
Plus tard d'ailleurs on a injecté un produit cortisoné de façon à diminuer la rançon cicatricielle. Cette méthode avec piqûre transcutanée et injection locale a été ensuite transposée par les chirurgiens, en faisant des mini incisions, mais sous contrôle de la vue pour ne pas blesser les nerfs, qui peuvent parfois être entourés par le tissu fibreux de la maladie.
Plus récemment, un collègue américain assez génial, le Pr Roger Khoury , a proposé de pratiquer des greffes de cellules adipeuses (lipofilling) pour exploiter leur potentiel de régénération locale.
En Angleterre, dans les années 2010, s’est développé un traitement encore différent par des injections de collagénase, qui est un enzyme qui entraîne la lyse des tissus fibreux et la disparition des Fibrocytes.
Mais ces traitements peuvent donner lieu à des infections ou à des intolérances. Leur utilisation en France est relativement limitée.
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Le traitement de la maladie de Dupuytren dépend du stade de la maladie.
L'intervention ne peut être discutée que s'il existe une gêne pour mettre la main à plat. C'est ce qu'on appelle le stade 2.
Au contraire, le stade 4 est une rétraction complète des doigts dans la paume de la main, avec parfois même des ongles qui blessent la paume de la main. Dans ces derniers cas, l'intervention, est bien sûr beaucoup plus difficile.
Le Conseil est donc qu'il faut reconnaître cette maladie qui est souvent d'origine familiale congénitale, exagérée également par des microtraumatismes dans la paume de la main, comme on l'avait constaté chez des ouvriers qui manipulent des. Marteaux piqueurs pour creuser le sol. Dans ces cas d'ailleurs, cette maladie peut être considérée comme une maladie professionnelle.
Des récidives quasi obligatoires
Tout le problème de la maladie de Dupuytren réside dans l'importance des récidives que cette affection implique.
Les formes cliniques en effet peuvent être très variables.
D'un patient à un autre, certains présentent des poussées rapides et d'autres ont des poussées très rares tous les 10 ou 15 ans. un ou plusieurs doigts peuvent être atteints, avec des stades différents.
Les récidives sont plus difficiles à opérer avec des risques de blessures nerveuses des doigts et des retards de cicatrisation.
Conclusion
C'est à nous, les chirurgiens de la main, de s'adapter pour faire le meilleur traitement possible avec le moins de séquelles possibles. Il faut noter aussi que cette maladie de Dupuytren, qui est une fibrose d'un tissu interstitiel habituellement souple qui se trouve sous la peau frappe davantage les hommes que les femmes , mais celles ci peuvent présenter une gêne esthétique et fonctionnelle..
Cette évolution fibreuse dure et dense peut aussi se localiser au niveau de la plante, des pieds et aussi de la verge masculine. Il y a à ces niveaux des possibilités de corrections chirurgicales, lorsqu'il existe des coudures du sexe ou bien une gêne à la marche à cause des rétractions des tissus de la plante du pied.