En quoi consiste l’augmentation composite des seins ou augmentation hybride ?
Éric Auclair a constaté que la mise en place de prothèses mammaires chez des patientes dont la peau était relativement fine et pour lesquelles la mise en place des prothèses mammaires en position rétro musculaire n'était pas très intéressante: à cause de ce que l'on a appelé la danse des prothèses- les prothèses remontent quand le muscle pectoral se contracte, elles s'écartent l'une de l'autre quand les bras se lèvent; ces distorsions dues à la contraction des muscles qui se trouvent au-dessus des implants trahissent la présence de prothèses mammaires, et d'autre part est sont désagréables à constater par la patiente elle-même et par l'entourage.
Il vaut donc mieux placer les implants en pré musculaire, mais cela peut les rendre détectables aisément par la perception des contours sous une peau fine ;
Éric Auclair a ainsi imaginé et vérifié qu'il fallait t une couche supplémentaire de maquillage volumétrique qu’il ne peut être réalisé que par un lipofilling c'est-à-dire une injection de cellules graisseuses prélevées sur la patiente elle-même ; l'obstacle est qu'il faut trouver de la graisse chez des patientes qui parfois n'ont que très peu en excédent ; mais on finit toujours par en trouver un peu à la face interne des cuisses ou des genoux voire au niveau du bas des fesses.
Le principe est alors de réaliser des tunnels entre la prothèse et la peau, un peu comme si on étalait du beurre sur une tartine ; il n'est pas nécessaire d'infiltrer les muscles pectoraux avec de la graisse car on risque une petite embolie graisseuse.
En s'y prenant en une ou deux fois, Auclair a montré qu'on parvient à une augmentation mammaire qu'il a appelé une augmentation composite ; ce concept novateur a eu un très grand succès mondial comme technique à recommander de première intention, méthode innovante et rendant de grands services aux patientes.
Qui était Éric Auclair ?
Éric Auclair est un chirurgien esthétique et plastique parisien qui a été formé par les plus grands maîtres dont le professeur Raymond Vilain à l'hôpital Boucicaut à Paris, créateur du service SOS mains en 1973; c'est là que j'ai eu le plaisir de le former en tant qu'interne puis chef de clinique; le brillant Éric Auclair n'était pas avare de ses nuits de garde pour réaliser d’incroyables exploits chirurgicaux, en alternance avec l'autre chef de clinique du service, le très brillant: docteur Rami Selinger,; leurs hauts faits techniques en microchirurgie et en chirurgie réparatrice faisaient l'admiration de tous aux rendez-vous matinaux du staff des opérés de la nuit, et surtout ils ont permis le sauvetage de membres et de la vie de nombreux patient ;
J'ai pu apprécier alors la disponibilité d’Éric Auclair, sa virtuosité chirurgicale et son esprit d'innovation toujours indépendant des idées reçues ; il était toujours en quête de nouveaux progrès dans notre domaine avec son humour décapant et son énergie indomptable.
Éric Auclair a aussi travaillé longtemps avec le professeur Vilain en tant qu'aide opératoire privilégié à l'hôpital américain, lui transmettant joie d'opérer et dynamisme alors que notre maître était très malade et en fin de vie.
Puis Éric Auclair s'est installé en tant que chirurgien esthétique libéral ; il a progressivement connu un très grand succès notamment par son esprit rationnel, mesuré et talentueux de chirurgien qui jonglait avec les augmentations mammaires, qu'elles soient purement esthétiques ou dans le cadre exigeant de la reconstruction du sein.
J’étais fier qu'il pratique l'introduction des prothèses par voie axillaire invisible, méthode que je lui avais enseignée, difficile techniquement et qui rebute bien de jeunes plasticiens moins habiles.
Quel est l'avenir de l'augmentation composite du sein par prothèse et lipofilling ?
On peut dire qu'en ce moment le monde entier de la chirurgie esthétique à adopté cette méthode qui présente bien des avantages mais qui ne s'applique pas à tous les cas car toutes les patients n'ont pas forcément besoin d'une implantation supplémentaire de graisse autour des prothèses mammaires.
Cependant, il est même des cas où il est possible de fabriquer un nouveau sein comportant une augmentation d’un demi-bonnet sans prothèse mais par simple dépose de cellules graisseuses qu'il faut savoir prélever, décanter, et greffer de façon à augmenter le volume du sein. Ce type d'augmentation ne fait pas courir de risque de cancer du sein supplémentaire et permet à la patiente d'être très fière parce qu'elle arbore une poitrine améliorée sans corps étranger.
L'augmentation composite a été aussi utilisée pour traiter secondairement une augmentation mammaire qui peut conduire à des petits plis verticaux au niveau du pôle Nord de la poitrine lorsqu'il existe un excédent cutané et que la prothèse mammaire se tasse un peu dans le fond de la poche d'augmentation. Dans ces cas on a tenté de mettre un peu de graisse pour étoffer la partie qui comporte ces petits plis verticaux disgracieux, mais cela n'est pas toujours efficace.
En conclusion, merci donc au docteur Éric Auclair dont la perception brillante permet de réaliser une augmentation mammaire composite ou hybride, à la fois avec un implant mammaire en gel de silicone résistant, associé à un lipofilling de camouflage, qui ajoute encore un petit peu de volume à la prothèse déjà implantée.
Éric Auclair reste pour moi un des plus brillants chirurgiens dont j'ai vu la maturation et avec lequel j'ai gardé des liens plus amicaux que celui de maître à élève, en plus d'une admiration qui j'espère et je le pense, était réciproque.
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