Un article récent par l’équipe de Jeffrey E. Janis, de Columbus, Ohio, USA, (plastique et reconstructrice journal volume 148,6, décembre 2021) fait le point sur les possibilités de que la douleur décrite correspond bien un blocage au niveau du grand ou petit nerf d'Arnold situés en arrière de la nuque ; la vérification est faite par le test d’injection de lidocaïne ; si ce test est positif il confirme bien que c'est la compression nerveuse qui est génératrice de la douleur.
Personnellement,
j'utilise d'emblée ce test maison en l'associant d’emblée avec un anti-inflammatoire
cortisoné, ce qui me permet dans beaucoup de cas de constater une suppression
de la symptomatologie pendant au moins plusieurs mois ; on peut peut-être ainsi
éviter les opérations, toujours angoissantes.
Historique de la névralgie d'Arnold
La névralgie
d'Arnold est connue depuis la fin du 19e siècle, consistant en une douleur hémi
crânienne, diffusante d’arrière en avant, de topographie assez évocatrice et
très difficile à calmer ; les travaux d'un chirurgien plasticien d'origine
iranienne, le professeur Bahman Guyuron,(The lesser and third occipital nerves
and migraine headaches
KS Dash, JE
Janis, B Guyuron - Plastic and reconstructive surgery, 2005 -) ont permis de
prouver qu’une intervention chirurgicale exploratrice permet de libérer le ou
les nerfs comprimés par une bande ou anneau de sclérose ou d’épaississement
d’aponévrose ;
Le nerf peut être
comprimé à différentes hauteurs sur son long trajet ; il est donc capital
d'avoir une idée précise du siège de la compression ; Mieux que le scanner ou
l’IRM, l’examen manuel par palper doux à la recherche d’une zone gâchette qui
déclenche une douleur similaire permet, de cibler le site d’injection
favorable.
Le chirurgien américain,
grand spécialiste de la chirurgie esthétique et réparatrice, notamment en
matière de rhinoplasties, a ainsi permis de développer le traitement
chirurgical de cette affection peu connue et invalidante ;
D'autres travaux
récents ont démontré que les patients souffrant d'une compression du nerf
d'Arnold présentent aussi des compressions au niveau du canal carpien, ce qui
confirme chez eux une tendance à des rétrécissements localisés au voisinage des
nerfs sensitifs.
Des
traitements pas toujours efficaces
Certains
rhumatologues, aussi des médecins spécialistes de la douleur, connaissent bien
cette symptomatologie très handicapante pour les patients qui en sont atteints :
les névralgies d’Arnold sont parmi les plus pénibles à supporter dans la vie
courante ;
Depuis les
premières publications de l'équipe américaine sous l'impulsion de GUYURON, de
nombreuses tentatives thérapeutiques ont été proposées :
1) des
infiltrations de toxine botulique mais il faut les répéter trop souvent,
leur r ;ésultat laisse à désirer
2) des
injections de petites cellules graisseuses autologues (nano lipofilling),
mais l'efficacité à moyen terme et long terme n'est pas prouvée ;
3) des
opérations libératrices qui permettent de découvrir des ligaments
fibreux ou des fascias qui sont trop serrés autour du 2e ou 3e nerf occipital ;
la solution chirurgicale est considérée comme la plus efficace comme traitement
pérenne de ces douleurs ; mais le geste est malaisé, la position opératoire
inconfortable, le résultat pas garanti ; statistiquement néanmoins les
bons résultats approchent les 95% des cas ;
4)infiltration
d’anesthésiants locaux et corticoïdes retard : il m'est arrivé
personnellement, devant les doléances de certains de mes patients, traités pour
autre chose par mes soins, de rencontrer cette symptomatologie douloureuse, et
de parvenir à les améliorer grandement par des infiltrations ciblées du mélange
lidocaïne et corticoïdes.
L’injection se
fait en position assise, tête penchée en avant, après une minutieuse
désinfection puis un repérage millimétré de la zone gâchette par compression
digitale exploratrice sur le trajet et l’origine des nerfs d’Arnold du côté de
la douleur.
En conclusion
Devant des
douleurs symptomatiques évoquant la pathologie d'une compression des nerf
occipitaux d'Arnold, je conseille de pratiquer une infiltration très ciblée par
repérage manuel d'un mélange d'anesthésique local et de produit cortisoné retard
; l'amélioration se produit dans les 6 heures qui suivent, elle peut durer
pendant plusieurs mois en évitant le recours obligatoire à une opération de
décompression.
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