samedi 19 décembre 2020

AUGMENTATION MAMMAIRE :Y A T IL du nouveau?

 

Augmentation mammaire : Y a-t-il du nouveau ?



Augmentation mammaire : Y a-t-il dunouveau ?

Il y a effectivement du nouveau! Un article de journal américain plastique et reconstructrice surgery du 2 novembre 2020 écrit par une double équipe de Dallas au Texas et de Loma Linda en Californie, sous la direction de Rod Rohrich envisage un sujet qui a été très peu abordé en matière d’augmentation mammaire par implants : il s’agit de l’évolution à long terme des patients qui ont subi l’ablation de leur implant pour une raison ou pour une autre ;

Actuellement plusieurs millions de patientes portent des implants mammaires en silicone, dont la technologie varie en fonction de différents pays et continents ; le résultat en est favorable ou très favorable dans 97% des cas.

La France est très bien placée dans cette course aux implants car il existe au moins 5 fabricants ou  producteurs dont certains remontent aux années 1970, sous l’impulsion du docteur Arion, dont l’inventivité extrême est passée des implants gonflables remplis de sérum physiologique, jusqu’aux prothèses modernes en silicone gélifiée, dans une poche elle-même constitué d’un silicone souple mais résistant et multicouches; il est aussi l’inventeur des prothèses en hydrogel qui sont actuellement beaucoup moins utilisées.

Après plusieurs scandales sanitaires liés à l’implantation de prothèses dont  l’intérieur était trop huileux, puis le scandale des prothèses PIP dans certaines était constituées par du silicone industriel et non pas médical, la situation s’est assainie: Aujourd’hui les prothèses utilisées sont fiables résistantes et entraînent peu de coques, qui est la réaction fibreuse trop dure, sorte de cicatrice autour de la prothèse, transformant la forme de celle-ci, au départ  hémisphérique, en une boule dure visible et palpable, très facile à repérer.

Le lymphome anaplasique à grandes cellules est une pathologie cancéreuse qui peut démarrer dans la coque autour d’une prothèse dont la paroi est chevelue, ce qui a conduit les autorités sanitaires à préconiser des prothèses à paroi lisse ou Micro texturée.

Le risque de cancérisation autour d’une prothèse mammaire est très faible, inférieur à 1cas sur 50000 ; le diagnostic rapide de cette lésion permet l’ablation de la prothèse et de la coque génératrice, ce qui conduit à la guérison dans la plupart du cas ;

Mais le grand intérêt de l’article mentionné est qu’il envisage le devenir de ces patientes nombreuses qui doivent subir l’explantation de leurs prothèses mammaires, pour une raison ou pour une autre, et parfois après 25 ou 30 ans de satisfaction;la majorité des patientes opérées avoue avoir beaucoup bénéficié sur le plan personnel de la modification de leur silhouette, et redoutent d’avoir à enlever ou changer des prothèses qui progressivement font partie d’elle-même, parfaitement intégrées à leur schéma corporel modifié;

Plusieurs scénarios sont alors possibles après explantation des implants: Car il n’est pas toujours nécessaire d’implanter une nouvelle prothèse, du fait de  de l’invention des techniques du lipofilling, ou bien parce que le corps de la patiente a changé, qu’elle a pris du poids, ou bien qu’elle ne désire plus avoir une poitrine augmentée;


1) le simple changement d’implant mammaire est le scénario le plus fréquent ; si les prothèses étaient rétro musculaires, la tendance est de les mettre en pré musculaire pour éviter la valse des prothèses, que les muscles pectoraux ont tendance à déplacer en haut et en dehors ! je suis partisan de cette approche depuis plus de 20 ans.

Ma voie d’abord ou incision préférée reste la voie axillaire mais que les auteurs de l’article descendent en flèche car ils ne la connaissent pas bien, et qu’elle est difficile sur le plan technique.

Il faut encore déterminer si on met une prothèse un peu plus grosse ou plus petite ; cela se fera bien sûr après une discussion approfondie avec la patiente demandeuse ; la tendance est actuellement à mettre de plus en plus des prothèses en gel de silicone plutôt que remplies de sérum physiologique, mais c’est dernier procédé conserve des prescripteurs acharnés.

 

2) le deuxième scénario le plus fréquent est l’utilisation de lipofilling ou greffe de sa propre graisse ; encore faut-il qu’il se trouve un volume suffisant de graisse à prélever ; entre 300 et 500 grammes seront nécessaires pour regalber les nouveaux seins ; cela impose parfois de prélever des cellules graisseuses au niveau du ventre, de la culotte de cheval, des fesses, voire de l’intérieur des cuisses ou des genoux ;

Chaque séance de lipofilling permet d’augmenter le volume mammaire d’un demi bonnet ; c’est donc bien différent de l’implantation d’une prothèse mammaire qui permet de gagner 2 ou 3 tailles de soutien-gorge en une seule opération ! Mais certaines patientes extrêmement écologistes préfèrent plusieurs séances de lipofilling, qui il est vrai donne finalement de très jolis résultats avec très peu de complications : En tout cas le lipofilling ne génère aucun risque cancérigène, cela est bien documenté dans la littérature mondiale. 

Certains collègues utilisent à la fois une prothèse mammaire pour beaucoup augmenter le volume et un peu de lipofilling en périphérie pour obtenir un résultat encore plus naturel chez des patientes osseuses ou très musculaires, celles quiont très peu de graisse sous-cutanée ; on parle alors d’augmentation hybride ou composite ; cette option a été notamment défendue en France par le docteur Éric Auclair.

 

3) le troisième scénario est que l’ablation des prothèses mammaires anciennes est suivie par une ptose mammaire, c’est-à-dire que la poitrine est devenue très tombante, ce qui complexe évidemment la patiente au plus haut point…

On a alors le choix d’une chirurgie esthétique à type de mastopexie, que l’on réalise soit par une cicatrice autour de l’aréole (technique de Benelli) dans les cas de ptose très légère inférieure à 4 cm, ou en associant une cicatrice verticale, comme dans l’opération “queue de poisson” que je pratique depuis fort longtemps, remarquablement utile lorsque la ptôse mammaire est importante.

 

4) un autre scénario est l’apparition d’une hypertrophie mammaire : elle survient quand la patiente a pris beaucoup de poids et qu’elle a même constaté l’apparition paradoxale d’une hypertrophie mammaire surprenante ; la seule solution dans ce cas est de faire une réduction mammaire, complétée parfois par une liposuction de la composante graisseuse développée dans le sein.



 

En conclusion, ce n’est pas tout que de se faire implanter des prothèses mammaires, pour une patiente désireuse d’augmenter le volume de sa poitrine: Il faut aussi réfléchir à son avenir; les prothèses de dernière génération vont durer entre 15 et 25 ans, il faudra bien les changer ou les enlever à un moment donné ou à un autre; il est fondamental de s’entourer de grandes précautions au moment de la mise en place des prothèses en choisissant un chirurgien chevronné, afin d’obtenir le plus joli résultat possible; mais il faut aussi penser d’emblée à ce qu’il va se passer dans 15 ou 20 ans, lorsqu’il faudra retirer ces prothèses et les remplacer; pour le moment on a rien trouvé de mieux sur le plan technologique que les implants siliconés pour augmenter les seins  de deux ou trois tailles par un seul geste opératoire; de nouveaux concepts sont à l’étude, comme ceux de mélanger les prothèses en gel de silicone avec d’autres substances stabilisantes, ou de rendre les prothèses plus légères;

Si le lipofilling à amené un grand renouveau dans la chirurgie d’augmentation mammaire, il ne résume pas à lui tout seul la perspective d’un super résultat stable dans le temps, et exempt de toute complication ; à mon avis la filière silicone a encore un grand avenir potentiel.

Mais il faut aussi utiliser les techniques en pointe telles le lipofilling en complément, ou parfois de façon isolée en 2 ou 3 sessions si la patiente souhaite une augmentation mammaire modérée, limitée à 1 bonnet ou 1bonnet et demi d’accroissement, très naturel il est vrai.

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